présenté à la porte et j’avais eu le désagrément d’être évincé comme un simple bourgeois par l’épouvantable Barbelion, le Barbelion aux yeux torves, lorsqu’en rentrant à mon hôtel j’y trouvai le billet suivant :
« — Comment c’est toi ? mais d’abord est-ce bien toi ? si c’est toi (hum ?) viens manger ce soir la soupe aux choux de l’exil. Il y aura des réactionnaires. J. V. »
Je le trouvai fort engraissé depuis la Commune.
— Pourquoi donc Gill, lui dis-je, te fait-il des portraits romantiques où tu as l’air d’Hamlet jonglant avec des crânes ? Tu te rotondifies au contraire.
— C’est la bière anglaise ! Je te jure que ce n’est pas l’exil. L’exil n’engraisse pas, quoi qu’on dise. Mais viens faire un tour dans mon jardin.
Le jardin de Vallès, à Londres, était bien la chose la plus prodigieuse que l’on puisse imaginer : tous les arbres en étaient de fonte, les plantes de zinc et les fleurs de fer-blanc. Quant aux allées elles étaient asphaltées.
— J’en partage la jouissance avec mon propriétaire, me dit « M. Pascal » d’un ton inexprimable où la blague se mêlait à l’amertume.
Il y avait de quoi devenir enragé à se promener dans un pareil jardin, où nos pas faisaient sonner la tôle des cactus et danser l’étain des lierres.
— Dans quel rêve de ferblantier vis-tu ? m’écriai-je.
— N’est-ce pas que c’est joli ? Par les temps de brouillard, cela donne l’illusion de la nature.
— Tu ne dois pas voir souvent d’oiseaux ?
— À Londres, il n’y a pas d’oiseaux, fit Vallès en secouant la tête.
Nous rentrâmes dans l’appartement, et la première