Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/257

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la Fortune. J’ai connu de plus méchants hommes.

À la fondation de La Vie Moderne, journal illustré, où se conclut la période de critique d’art, avec l’erreur de ma vie, Bachaumont fut des premiers à venir se mettre au service de mon aventure, plus folle encore que ses divagations les plus fantasques. Le matin du premier numéro, de sa vitelotte olfactive et bulbeuse auprès de laquelle le pif de Cyrano n’était qu’un radis rose, il poussait ma porte directoriale.

— C’est très bien, compliments. Les miens d’abord, et puis ceux du Prince de Sagan, que je quitte à l’instant même. Il était avec le maréchal Canrobert, également ravi. Je viens abonner la marquise de Galliffet, elle vous attend mercredi, à quatre heures pour le quart, je vous présente. C’est à l’ambassade d’Angleterre. Arsène Houssaye y sera, sûrement.

— Merci, vous êtes trop gentil, mais il n’y a, à la rédaction, qu’un seul habit noir, don de notre administrateur, Georges Charpentier, et le chroniqueur mondain en a besoin pour ses courses, tout le temps.

— Un seul habit, c’est absurde, il vous en faut trente. Tenez, vous ne vous doutez pas de votre force. Vous tenez une catapulte. La Vie Moderne, clamait-il en la brandissant, la vieille Illustration en tremble rue Saint-Georges. Je n’ai que cela à vous dire. Combien vous faut-il pour soutenir la lutte avec Marc et l’enfoncer en huit jours ?

— Mettons quinze.

— Trois cent mille francs, est-ce assez ? Voulez-vous cinq cent mille ? C’est dit. Demain au café Cardinal nous déjeunons ensemble.

Quand je pense que j’y allai, — et qu’il y était !