La biographie de Sartoris, premier maître de Baudry, dont le nom figure comme tel à tous les livrets de Salons, côte à côte avec celui de Drolling, a été écrite par M. A. Bonnin et publiée dans le journal L’Art (livraison du 3 septembre 1876). Elle est d’un vif intérêt artistique, en cela qu’elle éclaire d’un rayon discrètement intime les débuts du peintre de l’Opéra. Ce Sartoris, d’origine piémontaise, était plâtrier de son état, mais il avait le goût, sinon le don, des arts. Pour satisfaire à cette passion impérieuse, il s’était d’abord improvisé peintre en bâtiments. C’était déjà manier la couleur et les pinceaux. Puis, ayant économisé à ce métier, sou à sou, une petite somme, il était venu à Paris et avait été reçu dans l’atelier d’Abel de Pujol. Mais la vie d’élève peintre est dure, et Sartoris avait été bientôt contraint de reprendre la truelle et l’équerre. Amené par les événements à La Roche-sur-Yon, il tenta de mener de front l’art qu’il aimait et l’industrie dont il vivait. Il y réussit, et si bien, que, la place de professeur de dessin étant devenue vacante au lycée de la ville, il la demanda et l’obtint. C’est ainsi que cet homme opiniâtre devint le premier maître de Baudry et conquit le renom qu’il rêvait. En effet, non seulement son nom appartient désormais à l’histoire de l’Art, mais ses traits ont été immortalisés par un portrait de son glorieux élève. Il est vrai de dire que, de toutes les mâles vertus pratiquées par Baudry, c’est la reconnaissance qui lui est le plus facile : elle est comme la fleur naturelle de son âme délicate.
Quel maître Sartoris fut pour le jeune homme précoce, il est bien difficile de le savoir. Baudry affirme qu’il lui doit sa science consommée du dessin et son