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II

MADAME MUSARD


Et d’abord, en était-ce une ?

Si l’on disait : la Païva, on n’a jamais dit : la Musard. Il y a une nuance, et que, vous voyez, je respecte encore. Je m’en expliquerai d’ailleurs en terminant. Donc, on l’appelait Mme Musard, du nom de son… comment dire ?… cohabitateur, le fils de ce Musard qui avait battu la mesure au grand bal des chicards et des lorettes de Gavarni. Elle avait pris son nom, ou plutôt, elle l’avait pris avec son nom, et il s’était laissé faire parce qu’il l’aimait. Dieu le veut !

Ceux qui pourraient encore lapider sa mémoire des petits cailloux de la haute morale sont morts, les lèvres closes en bons chevaliers « d’honnestes dames ». Ce que je sais d’elle n’est ni plus ni moins que ce que j’en savais lorsque, en janvier 1876, Charles Chaplin, le « peintre de la vie des seins », me conduisit chez elle pour me montrer les décorations dont il avait orné son hôtel. Charles Chaplin, quoiqu’il fût tout