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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 2, 1912.djvu/317

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Elle a lu dans mon « espatement », et sans transition, brusque, elle rompt les chiens — Ah ! monsieur Tchapline, qu’il est incommode de faire le bien ! Toujours l’ingratitude. Je n’ose plus donner à personne.

Comme je la sais d’une parcimonie shylockienne, et telle, dit la chronique, qu’elle descend elle-même, le matin, mesurer son lait à la jarre de la laitière, de peur que son portier lui en vole, le coup de la charité fuse et fait long feu. — Qui donne aux pauvres prête à Dieu, fais-je. — Oh ! charmant proverbe ! exclama-t-elle. — Il n’est pas de moi, il est de Victor Hugo. — Le poète ? demande-t-il.


VI

Cette femme forte se signe par un geste caractéristique. Elle appuie les mots d’une détente de l’avant-bras qui vous casse aux dents toute réplique. Ça s’ouvre du coude à la saignée et ça tombe comme un fléau à battre le grain, sans rebondir. « Madame Polichinelle despote », pantomime à faire. Dans le guignol conjugal Alfred (c’est Alfred) ne doit pas récalcitrer. Je lui devine des bleus à l’occiput et au sinciput aussi, sous la glycérine.

Au bout de la barre de fer se crispe une main d’acier, de Tolède peut-être, mais d’acier où l’art de Desbarolles lit sans loupe : énergie, ténacité, prise. La manicure y perdra ses onguents, c’est la patte des serripèdes.

Elle est toute en soubresauts. Caboche de femme en somme, tourmentée par le spectre de l’irrégularité, l’angoisse de la cécité menaçante, la satiété des fleurs