Aller au contenu

Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/177

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sistance en 1871. À cette redoute de vieux garçons, énorme tabagie, égayée de monologues coquelinesques et de quelques intermèdes musicaux, j’avais envoyé Daniel Vierge pour qu’il en illustrât le tableau synoptique ou des épisodes pittoresques. Comme le plus pittoresque de ces épisodes était une vue, prise dans le jardin, de trois cents boîtes de cigares vides, entre neuf et dix heures du soir, l’artiste s’était borné à commémorer la réjouissance par une composition synthétique à base de dos de militaires, d’ailleurs fort belle. Léon Gambetta en avait été très touché, assurait l’administrateur, et, si content, qu’il s’agissait de lui en offrir l’original même, avec dédicace de Vierge, pour sa maisonnette des Jardies.

Georges cette fois devait m’accompagner et présenter le peintre au Président. — À cette occasion, avait-il ajouté, tu lui demanderas un mot d’introduction auprès d’Arnaud de l’Ariège, qui ne lui refuse rien. — Qui, dis-tu ? — Arnaud de l’Ariège, un actionnaire assuré, si Gambetta le prie de l’être. — Eh bien ! non, mon vieux, j’ai fini mes courses, et je ne te ferai cortège ni au Palais-Bourbon ni dans l’Ariège, chef-lieu Foix, si mon instruction est solide. — Il faut pourtant que tu y viennes. Étienne nous attend demain matin, tous les trois, à neuf heures. — Étienne ? — Oui, c’est le secrétaire de la Présidence. Nous avons audience. — Soit donc, mais pour le tapage ariégeois, grâce et pitié, charge-t-en. — Je ne peux pas, j’ai autre chose à demander à Gambetta.

L’illustre défenseur du territoire, auréolé d’une gloire oratoire dont je ne suis pas juge, car jamais, et j’en rougis, je n’ai mis le pied à la Chambre ni