Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/204

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Mais avec quelle ampleur l’erreur n’était-elle pas réparée par le splendide portrait de Thomas Carlyle qu’il nous dévoila sur le chevalet ! Je n’avais rien vu de plus beau dans le plus riche musée et je le lui dis dans ma langue, sans élision et toutes voyelles dehors. Il faut croire qu’il n’en avait pas, depuis Dinan, oublié tout le verbe gallo-romain, car il me passa le bras autour du cou, toujours comme faisait Flaubert quand il était content de la justesse d’un éloge, et il m’ouvrit, geste définitif, sa boîte de cigares.

J’ignore si ce portrait de Carlyle, mort l’année suivante, a été terminé, et ne sais ce qu’il est devenu. Nous voulûmes, de Nittis et moi, en rester sur ce chef-d’œuvre, et nous prîmes congé. En traversant le vestibule, je revis le phoque, l’inoubliable phoque de basalte, et tandis que je lui faisais pour toujours mes dévotions, John Everett Millais nous saluait, en riant, de sa pipette.