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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/222

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Personne ne ressemble moins à ce qu’il fait que ce peintre posthume de la vie romaine. C’est un petit homme boulot et ramassé, court de taille, rond de manières, et très fin, je crois, sous la blouse de sa cordialité expansive, un Bastien gras. Il a de notre « primitif », comme l’appelait André Theuriet, le front carré et la mâchoire volontaire. Cet érudit qui en laisserait à Gaston Boissier et à Dezobry lui-même, sur les choses, les mœurs, les us, les types de la Cité d’Auguste, est un bon drille verbeux et bien portant que n’effraierait pas le vidrecome de Jan Steen ni l’estaminet où il le vide. L’aspect est d’un tel « hollandais » qu’il faut se retenir pour ne pas lui crier d’abord : — Et ces tulipes ?

Le contraste (à renverser la perruque de Louis XIV et à épater le nez de Colbert), entre l’artiste et son art, s’exagère encore de la présence de Nittis qui, lui, Pompéien authentique et signé, est le peintre le plus « contemporain » de la vie moderne. L’un délicat, sensible comme une femme à toutes les contingences du réel, aux vibrations les plus fugitives, aux bruissements, aux pénombres, un écorché, — l’autre obsédé de visions reconstitutives d’une société périmée et enterrée par le Vésuve, celui-là toujours au Bois, celui-ci toujours à Ostie ! Comment les concilier ? En érigeant entre eux un tanagra peut-être.

Très catégorique d’ailleurs, Alma-Tadema, dans sa maison latine, vit en latin, en plein Londres. Si on lui annonçait en ce moment : — M. Horatius Flaccus et M. Virgilius Maro, — il dirait à son dave : — Faites entrer dans le prothyrum photograficum, je suis à eux dans cinq minutes. — Il professe un dédain, non affecté, pour toutes les soi-disant in-