Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/251

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et de rendre les trois couleurs du drapeau à la flore de messidor. Pindare eut signé la broderie de coquelicots, de bluets et de papillons blancs dont Richepin parait l’étendard de Marianne la Troisième. Mais la musique ?

À défaut de Camille Saint-Saëns, notre collaborateur, qui, selon son pli d’ailes, voltigeait déjà de ville en ville, Laffitte aurait pu la demander au poète lui-même, car il tient l’archet de sa lyre, et je ne sais pourquoi ni l’un ni l’autre ne s’avisa de résoudre ainsi le problème. Toujours est-il que, la conque obsédée par le rythme intérieur des strophes que le directeur m’avait convulsivement apportées, je me mis à les « marcher » autour de mon jardin et que l’air pindarique m’en vint comme de lui-même au pas de la déambulation.

Je vous donne ma parole d’honneur que je ne suis pas un Beethoven. Je vous le dirais. Les flatteries que ce farceur de Massenet m’adresse dans les dédicaces de ses partitions et où il me donne du : cher confrère, me laissent aussi modeste devant la fugue que terrifié par le contrepoint, et quant aux clefs d’ut, j’en décède ! Si, dans quelques-uns de mes ouvrages, je me suis diverti à des versions musicales des chansons que l’on y rencontre, c’est que, pareil en cela à de meilleurs jongleurs que moi, les paroles de mes sirventes ne me naissent guère sans leur mélodie connexe. Mais je me hâte de dire que leur publication est toujours surveillée par des amis, indulgents ensemble et sévères, que la savante Euterpe endoctrine. Si Raoul Gunsbourg croit me faire la pige là-dessus, il se trompe. Dieu est pour tout le monde, et, dans mes chansons d’Enguerrande, Raoul