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V

UNE PAGE DE PROSE DORÉE


Au Voltaire, je vous l’ai conté, cet agité de Jules Laffitte me mettait à toutes sauces. Chronique hebdomadaire, critique d’art et salons, feuilleton théâtral, fantaisies, nouvelles, échos, que sais-je, je faisais là besogne à peu près encyclopédique et deux fois périlleuse. L’un des périls était cette crampe dite : des écrivains, parce qu’elle est le charme propre de la partie, entre le pouce et l’index, et l’autre c’était le danger grandissant de terminer dans les silos du journalisme une vie destinée par les dieux au culte de la blonde Thalie et de sa sœur Melpomène.

J’avais déjà, dans ma famille d’élection, un martyr de la copie alimentaire, que d’ailleurs j’avais vu mourir du surmenage qu’elle impose, de telle sorte que de temps en temps je me livrais à quelque exercice de rétablissement philosophique et, comme disent les peintres, de plein air.

Un jour, en classant les papiers du cher maître