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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/264

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la revendaient sans pitié à ses fourches et ce débat semait de roses l’aurore du Second Empire.

Lettre d’Alice Ozy à Théophile Gautier.

« Mon cher ami, je voudrais bien te voir, mais je sais que le Salon te prend tout ton temps et tu comprendras facilement ce que j’ai à te dire.

« Il s’agit de la pièce du Vaudeville où il paraît que les actrices sont traitées de femmes sans cœur. Ce n’est, assurent ces messieurs, qu’en leur montrant une bourse bien pleine qu’on obtient leurs faveurs ! Les auteurs ont bien peu de mémoire, car l’un a été pendant six mois l’amant de Constance et l’autre l’amant de Page et je ne crois pas que ce soit à prix d’or qu’ils les ont possédées.

« Je ne prends pas ces insultes pour moi.

« J’ai eu, tu le sais, malheureusement, plus d’amoureux pauvres que de riches et ils n’étaient pas les moins aimés, s’ils n’étaient pas les plus aimables, et s’ils ne sont pas les plus reconnaissants. Ce n’est pas une heure en passant que je leur ai donnée, c’est une année et plus !

« Je n’ai pas besoin de te les nommer, ni de te dire que je ne suis pas une « fille de marbre » ; seulement nous sommes toutes solidaires, et, si Hugo a si bien défendu les courtisanes, je ne doute pas que tu ne défendes les artistes avec ton cœur et ton talent.

« D’ailleurs tu as de si bonnes choses à dire, témoin : ce qui fait la dépravation des actrices ce sont les directeurs qui vous offrent 800 francs lorsque vous entrez chez eux pleine de beauté et de bons