Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/280

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que avant-hier. Le « turgue » (Turgan) aussi, mais tout cela est léger et tient à des imprudences, d’artichauts chez Mme Heine, de homard chez la présidente, et de je ne sais quoi chez le « turgue ». Quant à la pauvre Héloïse, je crois que c’est faute, elle… d’imprudence. Moi-même ! ! ! chose étonnante, je me suis réveillé deux jours de suite avec la langue jaune au milieu et blanche à l’entour. Quelques excès m’ont rendu à la santé.

« Tout cela est le produit de la préoccupation. Les gens se mettent au lit pour la moindre indisposition, qu’ils n’auraient point remarquée en d’autres temps. Avant-hier, je vais voir un ami qu’on disait malade. J’arrive et je le trouve buvant de la tisane mêlée de rhum, par l’ordre du médecin. Il me dit : « Voyez comme j’ai la fièvre. » Son œil brillait. Il me lit des vers, ne voulant pas, s’il meurt, que le chant du cygne reste inouï. Le médecin arrive, le malade lui dit : « Je ne sens pas mon cœur battre, je vais mourir ! — Non, dit le médecin, vous êtes gris, voilà tout ; vous avez bu trop de tisane au… « rhum ! » Le fait était vrai. Ennuyé de rester au lit, ce garçon s’est habillé, est allé se promener et s’est aperçu qu’il était bien portant.

« Comment va notre société ? Vous êtes-vous amusés en Hollande ? Et votre charmante et excellente compagnonne, et nos amis Lhomme et Landelle, vais-je les revoir bientôt ? Si vous ne vous amusez pas beaucoup en Belgique, vous pouvez bien revenir. Il me semble qu’il y a bien longtemps que je vous ai quittés. Je vous embrasse.

« Gérard. »