Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/307

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télégraphiques : — Avoir reçu pièce nommée Le Nom. Attends livraison prochain courrier. C. R. Lettre suit définitive. — Et dans cette lettre du Parthe, il m’enjoignait, au nom de tout ce qui est sacré en art, en commerce, après méditation de tout l’été et d’accord en cela pour la première fois avec Porel, de dénouer la situation de l’ouvrage par le mariage, usuel au théâtre en France et qui seul garantit une centième.

Or le mariage des deux jeunes antagonistes de Le Nom était d’autant plus impossible que l’idée-mère du concept et l’intérêt du conflit étaient basés sur l’impossibilité même dudit mariage. Fussent-ils seuls dans une île déserte, sur le radeau de la Méduse, ou réduits dans l’Arche au dernier couple de leur type, Hélène (la jeune fille) et Philippe (le jeune homme) ne pouvaient s’unir sans que le ciel s’en fendît, l’univers en craquât et que les pommes cuites de tous les pommiers foudroyés ne lapidassent auteur, directeurs, acteurs, claque, l’Odéon et la subvention. La Rounat avait certainement passé l’été à Charenton, et c’était de là qu’il m’ordonnait de braire.

J’ignore ce que d’autres, trempés de bronze, eussent fait à ma place et ne saurais dire si les jeunes d’aujourd’hui se tirent à leur honneur d’une situation balaamique et caligulesque où des deux parts la mort nous est promise. Il avait raison, ce Porel, nous ne sommes pas en Angleterre, pas même en Allemagne, moins encore en Norvège, et chez nous il faut marier les immariables. Le théâtre en France doit avant tout pousser à la reproduction. C’est pour ça que l’État s’en mêle. Mais cette fois,