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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/319

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de régisseur et on va commencer la pièce. — Alors, allons-y, et mettez-vous du coton dans les oreilles.

Il disait vrai du reste et n’exagérait rien sur les dispositions de mes confrères, elles étaient ouvertement comminatoires. S’il reste encore des témoins de cette première, qu’ils disent si je m’en fais accroire lorsque je m’enorgueillis au bout de trente années, d’avoir, au moins une fois en ma vie, et jeune encore, atteint à ce pinacle de l’honneur dramatique qu’on nomme une cabale, et, qui mieux est d’en avoir mérité le stupre triomphal. La cabale est au simple four des maîtres comme l’éruption volcanique, est au geyser un rêve cataclysmal, l’immortalité par le désastre ; elle fait d’un bourg une Pompéi. Jaloux, ne me chicanez pas celle de Le Nom et soyez digne de la pareille.

Oui, je l’avais acquise et méritée, par trois fautes, dont la moindre assurément était de n’avoir pas maintenu par exploit d’huissier un texte reçu par l’État et par conséquent officiel. La deuxième s’imputait à ma fonction (mal comprise) de critique théâtral au Voltaire, car c’était la mal comprendre que de ne me prêter à aucune des combinaisons industrieuses autant qu’industrielles qui encombrent le marché français de la bazarderie de l’article de Paris, et du génie à treize des calicots « défraqués » qui vont la plume au cul à travers la littérature. Je ne leur passais pas la rhubarbe, ils me refusaient le séné, c’était de bonne guerre. Quant à ma troisième erreur, celle d’avoir hermétiquement clos l’accès de mes répétitions à tous les loups-garous du monôme, elle répondait à ce besoin coquet qu’on a d’être mangé en une seule fois, quand on doit l’être, dans un baltha-