Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/320

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

zar anthropophagique et je lui dus le laurier de ma cabale. Ce qu’on pardonne le moins à un confrère, — toujours abusivement joué à votre place — c’est de ne pas entrer les uns avant les autres à sa cuisine et de ne pas être initié de préférence à l’avant-goût de son fricot public.

En sus des miens et des couturières, je n’avais convoqué, à ma générale, que quatre ou cinq amis poètes dont le jugement, quel qu’il fût, m’importait et parmi eux le terrible Jules Vallès qui venait de me préfacer le recueil des Chroniques de l’Homme masqué et ne voulait d’autre salaire que de voir Anastasie fonctionner sur place, ses ciseaux bourgeois à la main. Il m’avait fait tenir la veille le billet suivant :

« Mardi matin.
10, rue Taylor.

« Quel jour la première ? Je t’ai demandé deux places. Une de ces deux places doit être occupée par une dame, laquelle a pommadé les balafres du brouillon qui était la préface de L’Homme masqué et l’a rendu lisible pour les typos, et qui a besoin d’être prévenue un jour à l’avance. Préviens-moi donc pour qu’on arrive préparés à la soirée et sans rendez-vous à renvoyer ou article à bâcler trop vite.

« À toi,
« Jules Vallès. »

« Demain, mercredi, je dîne avec Marpon, probablement. Je passerai peut-être au théâtre vers deux heures, en sondeur, et sans donner mon nom pour plus de sûreté, faisant passer ma carte sous enve-