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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/38

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je ne puis manquer de t’entretenir, puisqu’on la retrouve jusque sur les faux-cols de la jeunesse frondeuse. Il faut te dire que le roi des Belges n’a pas assisté aux fêtes du centenaire ; on feint d’ignorer pour quels motifs. Peut-être les juge-t-il intempestives en ce moment. D’aucuns prétendent que Léopold II craint d’être irrespectueusement arrosé par la baleine du cortège, ainsi que cela est arrivé à son père, sur le balcon de son palais. Toujours est-il qu’il n’est pas venu et que les Anversois sont fort mécontents de cette abstention. La chanson dont je te parle est destinée à perpétuer le souvenir de ce mécontentement. On me l’a traduite et je reste convaincu qu’elle emprunte uniquement ses pointes à celles des faux-cols où elle est publiée.

D’ailleurs, les bourgeois d’Anvers ont organisé les fêtes du centenaire sans l’aide du Gouvernement et par le seul concours de leurs fortunes propres. Le bourgmestre et les échevins n’y ont pris d’autre part que celle de la direction générale et du programme officiel. Tous les frais de décoration, d’illumination, de représentations (et ils sont énormes) sont couverts par la ville et les particuliers. Voilà vraiment une kermesse nationale, patriotique et telle qu’on la rêve en l’honneur d’un citoyen glorieux. Je n’ai aucune honte à t’avouer qu’à plusieurs reprises j’ai été profondément remué par cette allégresse, et que je me suis senti beaucoup moins fier d’être Français que les jours où je regarde la colonne.

Je crois que je te serai agréable en ne te décrivant pas les fêtes dont tu as dû lire des comptes rendus détaillés dans tous les journaux parisiens. D’ailleurs si j’y ai assisté, c’est à ma manière, moins en reporter