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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/9

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drôle. Tout est là en effet, et le bon Sisyphe est celui qui, sous l’avalanche des rocs croulants, rit à son supplice imbécile et tire la langue aux dieux. Et il ne me semble pas que le public ait tort d’en juger de la sorte.

Encore un mot pourtant avant de rentrer dans la coulisse. Le genre créé par l’évêque d’Hippone expose ceux qui s’y adonnent à un péril entre tous grave. Par sa loi littéraire même il contraint le mémorialiste à se tenir constamment en scène et à étaler, non sans indécence, ce « moi » tant haï de Pascal et dont Maurice Barrès (à qui entendre ?) préconise le bouillon de culture. J’ai dû tomber plus d’une fois dans la cuve et j’y tomberai sans doute encore. C’est ici que j’ai besoin du crédit dont les lecteurs me font largesse. À la porte du château des Souvenirs il faut un gong pour annoncer les visiteurs. Je suis ce gong, ni plus ni moins, plutôt moins, et le reste est à la charge de saint Augustin, père du genre et de l’Église !

1912.

Émile Bergerat.