Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 3, 1912.djvu/91

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pointe d’enthousiasme, l’excellent M. Hennecart, — apprends son nom, belle Clio — éclata d’un rire homérique.

— C’est le comble de la participance, clamait-il. On en a de bonnes sur le Pinde !

— L’avenir est là pourtant, vaticinai-je, et je le lui montrai de l’index par la fenêtre. Les ouvriers ont commencé, les bourgeois suivront. Pourquoi pas les artistes ?

— Plus d’argent alors ?

— Qu’est-ce que vous voulez qu’ils en fassent !

Je devais être très beau à voir dans la glace, car, cessant de se tordre, le grand manufacturier se leva et me tendit la main : — Je ne veux pas vous désillusionner. Voici : si vous trouvez à Paris, ou ailleurs, et même en Chine, le premier des coopérateurs nécessaires à l’établissement de votre journal, je serai le second. C’est dit.

— Alors, fis-je, Écharcon est à moi.

Et je lui nommai ce premier croyant — Mercier, d’Épernay, boulevard des Italiens, au coin du passage des Princes.

Il le connaissait. — Oh ! oh ! fit-il, Mercier a le flair et la chance. Marchez. Vous avez trois mois de papier devant vous, faites-en bon usage. Et puis, reprit-il en me reconduisant, si ça ne va pas, remettez-vous aux vers et donnez-nous des odes.

Tel fut le second épisode de ce conte de fées. Doutez-en, de l’onomancie !

Restait à découvrir le coopérateur imprimeur et le coopérateur graveur, deux simples mythes économiques, au moins dans les conditions du programme fixé par mon impécuniosité déchaînée. René Delorme