Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/13

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médie-Française, oui, et à qui le dites-vous, mais ce n’était que le règlement, qui n’a plus une place intacte du reste sur le corps et en rend pour les débordements à Messaline. Grâce à Léon Bourgeois, l’État paya ainsi à Henry Becque, non pas ses dettes, mais la dette publique, et, de ce jour d’abus et de justice, Molière s’embêta moins dans sa solitude : il eut « à qui causer » comme eût dit la bonne commère Laforest, reine des critiques sûres.

Vous ne supposez pas une minute, n’est-ce pas, que les mardistes, légion sacrée de la routine, firent bon accueil à la pièce imposée à leur ignorance sélective ? Ils ne le pouvaient pas sans nier eux-mêmes l’institution, d’ailleurs antinapoléonienne, des abonnements, qui les arme du pollice verso des vestales. L’abonnement récalcitra, mais La Parisienne enleva le parterre, et tout est dans le parterre. Peu d’ouvrages ont, au théâtre, influé aussi vivement sur la production dialoguée d’une, et même de plusieurs générations d’auteurs dramatiques, puisqu’aujourd’hui encore les comédies à la mode ne sont que des succédanées de cet original, et, en vérité, pas autre chose. Henry Becque n’en tira pourtant que des avantages platoniques et il ne put descendre d’un étage, dans la maison où il logeait, son lit de fer et sa chaise de paille. En vain, après Fernand Samuel revenu de ses aurorales illusions, André Antoine reprit-il la bataille et fit-il de La Parisienne la pierre angulaire de son Théâtre Libre. Les admirateurs s’accroissaient en nombre et en qualité et la pièce fondait école, même à l’étranger ; mais il était trop tard, sinon pour la gloire, pour les profits du moins qu’on en retire de son vivant. Il faut réussir