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Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/14

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jeune ou ne compter que sur le marbre des stèles.

Henry Becque avait encore en portefeuille une grande comédie qui devait être le pendant de Les Corbeaux et avait parallèlement pour titre : Les Polichinelles. Elle était inachevée et elle est restée telle. Il se passa autour d’elle, pendant ses dernières années, la même pasquinade que, depuis lors, autour de Chantecler. Tous les théâtres d’ordre s’en disputaient l’honneur et la primeur, et, ravi de ce zèle bouffon, il ne la refusait à personne. — Les Polichinelles sont à vous, ou plutôt ils le seront dès que je les aurai terminés — Et tous les programmes de saison d’attacher à ce clou leurs boniments.

Ce fut sa dernière épigramme et la plus mordante, hein, quoi ?


II


Avant la guerre, et même après encore, lorsqu’on prononçait le nom de M. Henry Becque dans un milieu je ne dis pas littéraire, mais parisien : « Ah ! oui, disait-on, l’un des trois de l’École Brutale. » L’École Brutale avait été découverte et baptisée par M. Francisque Sarcey. M. Barbey d’Aurevilly avait repris le mot, on ne sait trop pourquoi, et l’avait consacré ; et la désignation avait fait fortune. Or, il n’y avait certainement point école s’il y avait brutalité, car aucun des trois jeunes gens groupés littérairement de la sorte ne se connaissait, ne s’était vu ni parlé, et chacun d’eux travaillait isolément, selon une esthétique propre.