Car c’était un charmant jeune homme, pas méchant, ni bête pour un sou, le plus libéral de son royaume, peut-être, cet Alphonse XII, et qui aurait bien donné un million de la poche de ses sujets pour être l’un d’eux. Mais il en va ainsi de nos destinées en conflit constant avec nos tempéraments, et la vie, dit Schopenhauer, est un éternel dévoiement au propre et au figuré. La monarchie héréditaire relève d’un principe qui est assurément le plus antiscientifique de tous les dogmes, puisqu’il se base sur l’atavisme de la faculté directrice et en suppose la transmission régulière de père à fils par voie du sang dans une seule et même famille. Tout César crée lignée de Césars, hors forlignement, disent, sans le croire, d’ailleurs, les royalistes, et, pour l’accréditer, ils mettent Dieu dans le paradoxe.
Que la théorie en vaille une autre, même celle du gouvernement de tous par tous, ni la nature, ni l’histoire n’en ont encore décidé, et notre misère terrestre est toujours la même ; — mais ce n’est qu’une théorie et ses zélateurs eux-mêmes accordent qu’elle n’est que cela du fait de ces croisements politiques par lesquels ils mêlent diplomatiquement les races des derniers porte-houlettes, pour en garder la graine et le gruau.
Rien n’est plus drôle à lire dans les annales des peuples monarchistes que le récit de leurs perplexités pendant la gésine d’une reine en mal de Dauphin. Ils ont peur de manquer de tyrans-nés, bien authentiques et signés de la Providence. La mise au monde du roi de Rome qui promettait encore aux grand’mères françaises le massacre national de deux ou trois millions de leurs petits-fils et leur suspendait