Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/230

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Et pourtant les insulaires filent là dedans comme une hirondelle à travers une toile d’araignée. C’est un mystère, que Napoléon n’a pas révélé à Las Cases à Sainte-Hélène, et dont le secret ne sort pas de l’île. Je l’ai découvert et je le trahis, au bénéfice de notre nouveau corps de troupes de montagne.

Dans certains torrents du pays, et notamment dans le Fium’Alto, qui traverse l’Orezza, où sont les eaux médicinales que vous savez, on trouve de petites pierres ferrugineuses de forme carrée, dont la propriété magique est de rendre infatigable. Les Corses l’appellent « quadrata ». Ils l’attachent à leur genou gauche, comme un diamant aux guêtres, et ils vont !

Je voulais en acheter quelques-unes pour les sociétaires de la Comédie-Française, gens foncièrement déambulatoires ; mais elles n’ont de vertu que si on les découvre soi-même dans le Fium’Alto, un vendredi, au clair de lune. Lisez :

« Dans le fief de Canari, auprès d’un lieu nommé Oreglia, on trouve une matière tout à fait ferrugineuse qui a une singularité qui lui est propre : c’est que, de quelque façon qu’on la retire de terre ou des rochers, elle présente toujours une figure carrée comme un dé ; c’est à cause de cela que les Corses l’appellent : pietra quadrata, et qu’ils disent : Questia pietra deve essere quadra come un dado del colore del ferro. — Ils en racontent des merveilles et des choses si prodigieuses que, par cette raison-là, on pourrait retrancher la plus grande partie des rares vertus qu’ils lui attribuent : ils disent que si quelqu’un veut faire un long voyage, il n’a qu’à attacher cette pierre à la jambe gauche, en dedans au-dessous du genou, il