Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/244

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gens qui nous y hébergèrent avec tant de cordialité, et que le chemin de fer, dont l’inauguration est prochaine, nous dit-on, enrichisse les charmantes femmes et les beaux enfants de cette famille corse !

Il faut partir. Hélas ! il faut toujours partir ! Sur la route sinueuse, la voix des cascades nous appelle, et le vieux torrent du Vecchio, qui nous a envoyés de ses truites, attend notre visite de digestion.

Nous descendons sur Vivario à bride abattue, dans un mouvement de valse infernale. Tout tourne, et, grâce à l’étourdissement, le souvenir de nos charmantes hôtesses se dissipe, et le vent l’évapore.

J’ignore absolument pourquoi la jolie petite ville de Vivario est appelée les Chats de Vivario, « Gatti de Vivario ». Non seulement je n’y ai point vu plus de chats qu’ailleurs, mais je n’en ai pas vu du tout ni sur les gouttières ni près des rouets. Les explications que nous nous donnons entre nous de cette particularité relèvent du genre facétieux et grivois, et, si elles nous font rire comme des moines, elles ne peuvent rien ajouter à la science ethnographique de la caravane.

La meilleure est celle qui nous est fournie par Vincent Bonnaud qui est Corse : « On ajoute, dit-il, le nom de « chats » à celui de Vivario parce qu’on y vient surtout à la mi-août ! »

À en juger par cette calembredaine, vous devinez tout de suite dans quel état nous entrons en cette commune, où la première chose qui frappe nos regards surpris est une statue de Diane chasseresse !

Pourquoi cette Diane ?

Vivario, avec ou sans chats, est un bourg de douze