Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/245

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quinze cents âmes, remarquable surtout en ceci que la vendetta y est abolie.

Une inscription latine en fait foi sous le portail de sa petite église : Maledictus qui percusserit clam proximum suum, et dicet omnis populus : Amen !

« Maudit soit celui qui aura frappé à la dérobée son prochain, et que tout le peuple dise : Amen ! »

À la bonne heure ! Mais je ne sais pourquoi, je ne m’y fierais qu’à moitié. L’imprécation, en somme, ne laisse pas d’être assez jésuitique. Elle dit : « clam », l’imprécation, c’est-à-dire à la dérobée. Or, il y a des vendettas le front haut, ainsi qu’on sait.

Est-ce encore à cette disparition de la vendetta vivarienne qu’il faut attribuer le manque de cloches dans la petite église ? Car elle n’en a pas, et son clocher est sans voix d’airain.

Sans doute on a réservé tout le bronze dont on disposait pour la Diane, et telle est l’idée qui me vient d’abord et flatte ma vieille manie pour le grand et beau culte des Grecs. Ah ! retrouver au fond d’un vallon cyrnéen les traces de cette mythologie merveilleuse, la religion humaine par excellence et la plus joyeuse, c’est là une découverte philosophique !

Je pense à ce qu’un Leconte de Lisle imaginerait sur ce thème et quel poème il nous donnerait. Les chats de Vivario faisant fondre les cloches de leur église pour couler une statue à Diane cynégétique ! ! !

Mais mon rêve est bientôt dissipé. Les Vivariens ont des cloches. Seulement elles sont suspendues dans les arbres !

Rien de plus pittoresque, d’ailleurs.

Quand le sonneur vient les tirer pour tinter les offices, le branle qu’il communique aux châtaigniers