Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/283

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ses vases. Les moindres plantes y affectent des développements tropicaux, les herbes sont d’une force et d’une épaisseur incroyables. C’est la flore des colonies.

En certains lieux, déjà sommairement cultivés, on fait par an quatre récoltes de luzerne. En d’autres, le blé devient gros comme celui d’Égypte. Partout l’eucalyptus réussit, prospère et fait forêt en trois années. Ce limon, roulé par le Golo ou le Tavignano, c’est de l’or en barre, et les Romains l’avaient bien deviné qui eurent là, c’est certain, deux comptoirs, Aléria et Mariana, dans ce grenier d’abondance inépuisable.

Ils avaient compris qu’il suffisait d’endiguer et de canaliser les eaux folles des fontes de neige et les débordements printaniers des fleuves de la côte. Est-il donc si difficile de reprendre leurs travaux salutaires et d’en suivre les plans d’après les ruines qui nous en restent encore ?

Le desséchement des palus fétides ne se fera que par l’initiative privée, ainsi que tout se fait, et les Corses n’en ont pas. Ils vivent et meurent les yeux fixés sur le gouvernement. Si l’île était anglaise, ainsi que l’avait rêvé désespérément le pauvre Paoli, la côte orientale, canalisée, assainie, coupée de routes et plantée, serait pour John Bull une Mitidja. Elle donnerait des dattes, et l’étang de Diane abriterait des vaisseaux de fort tonnage, avec, autour, une jolie ville maritime.

À la hauteur de Cervione, sur la droite et près de la mer, les touristes en mal de baccalauréat rentré vont généralement visiter les ruines de Mariana, cité romaine fondée par Marius, et dont il ne reste que…