Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/353

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— Voyez Marion Delorme, me dit-il, un insuccès à toutes les reprises. Il croit enfin irréalisable le tableau de la mort de Matamore dans la neige. Il faudra le couper pour les Français, avec d’autres choses encore. Il attend que Dumas ait, le premier, vu Claretie pour venir à la rescousse.

— Chez le prince Roland, Cours-la-Reine. Il me prête des livres curieux et rares sur la Corse pour mon Voyage à l’île de Colomba. Un, entre autres, relatif à un séjour de Lord Byron à Corte, après un naufrage.

— Au Figaro. Philippe Gille a dîné, hier soir, avec Porel chez Hecq, chef de bureau à l’Instruction Publique. Jamais il n’a voulu croire, me dit-il, que la pièce fût réellement écrite et terminée. Il est convaincu que tu ne lui as porté qu’un rouleau de papier blanc, sauf peut-être l’acte et demi que tu lui as lu, chez toi, l’été dernier, villa Caliban, en Bretagne. Quand je l’ai assuré que je venais de la lire, il m’en a fait donner ma parole d’honneur. — Alors, a-t-il ajouté, dites-lui de ma part que je l’attends dimanche à l’Odéon pour en prendre connaissance. L’ouvrage est à moi ! Va-z-y. — Trop tard. Zola a raison, Porel est loufoque. — Entre Ignotus, qui me demande s’il est vrai que Théophile Gautier ne raturait jamais sa copie ? Comme je lui certifie le fait, il s’en va secouant la tête. Impossible, impossible ! — Brave Ignotissimus.

Sur les boulevards : Paul Arène, Clovis Hugues, Émile Blémont, Willette et le gros Isambert, l’ami de Gambetta, du Temps. Ils me font presque une ovation. Le tripatouillé !… le porelivore !… Clovis offre la tournée dans un café du passage Choiseul où il n’y a jamais personne et où on peut gueuler