Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/375

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Mlle reichenberg, à Léotaud, bas.

Souffle-moi bien, toi, animal. Je ne sais plus un mot de mon rôle.

jules claretie, à Caliban.

Ça se comprend, n’est-ce pas ? Au bout de trois mois de répétitions, trois mois pour un acte !…

caliban. Il se lève, solennel.

Mes enfants, puisque, selon cet homme décoré qui vient de surgir et de nous apparaître, nous n’avons plus que dix minutes pour travailler ; puisque notre divine Reichenberg ne sait plus un mot de son rôle et puisque, venant de Bordeaux, elle part pour Lille, je crois vous faire plaisir en levant la séance et en vous offrant quelques consommations à l’estaminet du théâtre. Le manque de café m’appesantit le crâne, et je vois d’ici Jean Aicard qui vient causer de son Lebonnard avec notre énergique directeur. Donc à demain, s’il en reste et si vous avez le temps, car, quant à moi, je demeure à votre entière disposition et je m’amuse trop ici pour en manquer une. (Exit.)

jules claretie, tirant sa montre.

À demain, à la même heure !

Mlle reichenberg

Ce Caliban, quel ingrat ! Je viens de refuser, pour lui créer son rôle, un cachet à Lisbonne et deux à Saint-Pétersbourg.

(Elle sort, suivie de ses camarades. Le silence se rétablit, troublé seulement par un bruit de bottes où