Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/38

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Vaucanson. D’un coup sec, en passant, il lui rabattait, rehaussait ou distendait les tentacules, lui revissait le col, le tournait du côté cour ou du côté jardin, selon que doña Sol passait à droite ou à gauche, et, de la scène, elle étouffait dans son mouchoir l’hilarité que lui causait ce jeu de coulisses. Damala en avait encore contre le couple d’Israël, assis flanc à flanc dans l’ombre, « les inséparables d’Amsterdam », et aidé de Jojotte, il courait les charger des fleurs et des couronnes que de toute la salle on jetait par brassée à la grande comédienne.

Quant à Herminie, je l’avais totalement oubliée moi-même. Il fallut que Damala en découvrît sous les bandelettes le papyrus dans ma valise et qu’au su de ma mission diplomatique, il voulût lire l’ouvrage. Le lendemain matin, Sarah me manda à son petit lever — Je ne savais rien, me dit-elle, vous ne m’aviez rien dit. Je croyais que vous étiez venu me voir, pour me serrer la main, entre deux articles. Il paraît que votre pièce est très bien et qu’il y a un rôle d’homme magnifique. Je garde votre manuscrit, pour le lire d’abord en wagon. Ne vous inquiétez de rien, je vous jouerai ça dans l’Europe d’abord, puis en Amérique probablement et enfin à Paris, excepté, bien entendu…

— Où, chère amie ?

— Mais au Gymnase. J’ai horreur de Koning.

Et je réintégrai mes lares ternoises, où, grâce à Dieu, mon petit garçon, qui n’avait d’ailleurs que dix ans, ne coiffait pas encore la barrette de Cujas. Ce fut le bon et facétieux Jacques Damala qui nous mit dans le train, Clairin et moi, non sans nous avoir munis, pour rire une dernière fois, d’un énorme cy-