Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/68

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rera pas. Si ce n’est pas toi qui les lâches, c’est eux qui te lâcheront. Il y a tradition dans la maison. Prends les devants, viens chez nous, on te signera le traité que tu voudras.

L’exemple du malheureux Saint-Genest n’était pas fait pour démentir l’horoscope et je n’en étais pas, moi, de la Participance. Je n’avais même aucun engagement écrit de collaboration régulière et je devais à chaque article nouveau reconquérir une situation toujours précaire. — Attends-moi là un quart d’heure, dis-je à Guérin, et je regrimpai à la rédaction.

Revenu au café Scossa, j’y trouvai mon comédien défroqué en train de faire une réussite. — Tu vois, me dit-il, l’affaire est dans le sac, tu rentres demain au Gil Blas : le valet de pique dans le dix de carreau c’est infaillible. — Rien n’est dit. Magnard ne veut pas me lâcher encore, quoique l’envie l’en démange visiblement. Il paraît que l’heure n’est pas venue. — T’a-t-il parlé de lettres de plaintes des abonnés ? C’est à ce signe qu’on voit que ça se décroche. — Non, voici ce qu’il me propose. Je continuerai au Figaro et je commencerai au Gil Blas « qu’il ne craint pas », mais à une condition. — Laquelle ? — D’abord, il gardera l’usage exclusif de mon pseudonyme, et puis je lui soumettrai les deux chroniques, et il choisira la bonne. Le père Dumont aura l’autre. — Guérin éclata de rire. — Oh ! que c’est drôle, c’est aussi la clause de réserve du traité que nous t’offrons. — Tope donc, fis-je, comme l’âne de Balaam devait braire.

Et c’est alors que se manifesta dans toute sa beauté philosophique cette « leçon de choses » qui est