Page:Bergerat - Souvenirs d’un enfant de Paris, vol. 4, 1913.djvu/94

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pouvez plus en sortir. On n’a plus sous les yeux qu’un ange souillé par un ignoble larbin et tant que je n’aurai pas écrasé ce larbin devant le public, cette femme me dégoûtera et ce mari me fera rire. Si vous le faites tuer, vous recommencez la pièce de Barrière avec un peu plus de fange dans les autres matières qui ont participé au crime.

« Quant à du talent, il y en a énormément, dans le rôle de Flore et jusqu’au commencement du troisième acte. Je ne m’explique pas les résistances des directeurs. À partir de la scène trois, je les ai comprises et partagées. Voilà mon opinion bien sincère, telle que vous me la demandez et telle que je vous la dois. À vous.

« Alexandre Dumas fils. »

Je fis du Viol un roman, qui parut dans le Gil Blas, et qui obtint un gros succès de librairie chez Ollendorff. Dans une préface qui précédait ce roman, j’offrais pour rien le manuscrit de ma pièce à celui ou ceux qui voudraient tenter l’aventure de sa représentation, et j’abandonnais la majeure partie de mes droits d’auteur à ce hardi imprésario imaginaire et fabuleux.

Il s’en présenta plusieurs, et, par déveine, je choisis le plus mauvais. Émile Rochard, lui, loua l’Ambigu et les répétitions commencèrent.

Quelles répétitions, seigneur ! Nous répétions de neuf heures du matin à onze heures, dans la poussière, les bruits de marteaux et les courants d’air, sans décor, avec un petit bec de gaz imperceptible dont s’augmentait l’obscurité. Nos pauvres artistes,