Page:Bergson - Durée et simultanéité.djvu/290

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à la pensée, temps qui s’évanouirait à l’instant même où un observateur en chair et en os se transporterait sur les lieux pour le mesurer effectivement. De ce point de vue nouveau, ne comparant plus que du réel à du réel, ou bien alors du représenté à du représenté, on verra reparaître, là où l’accélération semblait avoir apporté la dissymétrie, une parfaite réciprocité. Mais examinons de près le texte que nous venons de citer.

On remarquera que le système de référence y est défini « un système dont tous les points sont dans le même état de mouvement ». Par le fait, le « système de référence lié à  » est supposé en translation uniforme, tandis que le « système de référence lié à  » est en état de mouvement varié. Soient et ces deux systèmes. Il est clair que le physicien réel se donne alors un troisième système où il se suppose lui-même installé et qui est, par là même, immobilisé : c’est seulement par rapport à ce système que et peuvent se mouvoir. S’il n’y avait que et , nécessairement c’est en ou en qu’il se placerait, et nécessairement l’un des deux systèmes se trouverait immobilisé. Mais alors, le physicien réel étant en , le temps réel, je veux dire vécu et effectivement mesuré, est celui du systèmes . Le temps du système , étant le temps d’un système en mouvement par rapport à , est déjà un temps ralenti : ce n’est d’ailleurs qu’un temps représenté, je veux dire attribué par l’observateur