Page:Bergson - Durée et simultanéité.djvu/294

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en , qui se trouvera ainsi immobilisé, il constatera que le rapport de à est identiquement ce qu’était tout à l’heure le rapport de à  : c’est maintenant qui quitte et qui vient le rejoindre. Ainsi, encore une fois, il y a symétrie, réciprocité parfaite entre et référants, entre et référés. L’accélération ne change donc rien à la situation : dans le cas du mouvement varié comme dans celui du mouvement uniforme, le rythme du temps ne varie d’un système à l’autre que si l’un des deux systèmes est référant et l’autre référé, c’est-à-dire si l’un des deux temps est susceptible d’être vécu, effectivement mesuré, réel, tandis que l’autre est incapable d’être vécu, simplement conçu comme mesuré, irréel. Dans le cas du mouvement varié comme dans celui du mouvement uniforme, la dissymétrie existe non pas entre les deux systèmes, mais entre l’un des systèmes et une représentation de l’autre. Il est vrai que le texte cité nous montre précisément l’impossibilité où l’on se trouve, dans la théorie de la Relativité, d’exprimer mathématiquement cette distinction. La considération des « lignes d’Univers », introduite par Minkowski, a même pour essence de masquer, ou plutôt d’effacer, la différence entre le réel et le représenté. Une expression telle que semble nous placer hors de tout système de référence, dans l’Absolu, en face d’une entité comparable à l’Idée platonicienne.