individu au cours de sa carrière. Où nous avons de la peine à suivre ces biologistes, c’est quand ils tiennent les différences inhérentes au germe pour purement accidentelles et individuelles. Nous ne pouvons nous empêcher de croire qu’elles sont le développement d’une impulsion qui passe de germe à germe à travers les individus, qu’elles ne sont pas par conséquent de purs accidents, et qu’elles pourraient fort bien apparaître en même temps, sous la même forme, chez tous les représentants d’une même espèce ou du moins chez un certain nombre d’entre eux. Déjà, d’ailleurs, la théorie des mutations modifie profondément le darwinisme sur ce point. Elle dit qu’à un moment donné, après une longue période écoulée, l’espèce tout entière est prise d’une tendance à changer. C’est donc que la tendance à changer n’est pas accidentelle. Accidentel, il est vrai, serait le changement lui-même, puisque la mutation opère, selon De Vries, dans des sens différents chez les différents représentants de l’espèce. Mais, d’abord, il faudra voir si la théorie se confirme sur beaucoup d’autres espèces végétales (De Vries ne l’a vérifiée que sur l’Œnothera Lamarckiana[1]), et ensuite il n’est pas impossible, comme nous l’expliquerons plus loin, que la part du hasard soit bien plus grande dans la variation des plantes que dans celle des animaux, parce que, dans le monde végétal, la fonction ne dépend pas aussi étroitement de la forme. Quoi qu’il en soit, les néo-darwiniens sont en voie d’admettre que les périodes de mutation sont déterminées. Le sens de la mutation pourrait donc l’être aussi, au
- ↑ Quelques faits analogues ont pourtant été signalés, toujours dans le monde végétal. Voir Blaringhem, La notion d’espèce et la théorie de la mutation (Année Psychologique, vol. XII, 1906, p. 95 et suiv.), et De Vries, Species and Varieties. p. 655.