Page:Bergson - Matière et mémoire.djvu/202

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représentations juste assez de l’image et juste assez de l’idée pour qu’elles puissent concourir utilement à l’action présente.

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De cette conception de la vie mentale inférieure peuvent se déduire les lois de l’association des idées. Mais avant d’approfondir ce point, montrons l’insuffisance des théories courantes de l’association.

Que toute idée surgissant dans l’esprit ait un rapport de ressemblance ou de contiguïté avec l’état mental antérieur, c’est incontestable ; mais une affir­mation de ce genre ne nous renseigne pas sur le mécanisme de l’association, et même, à vrai dire, ne nous apprend absolument rien. On chercherait vaine­ment, en effet, deux idées qui n’aient pas entre elles quelque trait de ressem­blance ou ne se touchent pas par quelque côté. S’agit-il de ressem­blance ? Si profondes que soient les différences qui séparent deux images, on trouvera toujours, en remontant assez haut, un genre commun auquel elles appartien­nent, et par conséquent une ressemblance qui leur serve de trait d’union. Considère-t-on la contiguïté ? Une perception A, comme nous le disions plus haut, n’évoque par « contiguïté » une ancienne image B que si elle nous rappelle d’abord une image A’qui lui ressemble, car c’est un souvenir A’, et non pas la perception A, qui touche réellement B dans la mémoire. Si éloignés qu’on suppose donc les deux termes A et B l’un de l’autre, il pourra toujours s’établir entre eux un rapport de contiguïté si le terme intercalaire A’entretient avec A une ressemblance suffisamment lointaine. Cela revient à dire qu’entre deux idées quelconques, choisies au hasard, il y a toujours ressem­blance et toujours, si