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Chapitre II


De la reconnaissance des images.
La mémoire et le cerveau


Énonçons tout de suite les conséquences qui découleraient de nos princi­pes pour la théorie de la mémoire. Nous disions que le corps, interposé entre les objets qui agissent sur lui et ceux qu’il influence, n’est qu’un conducteur, chargé de recueillir les mouvements, et de les transmettre, quand il ne les arrête pas, à certains mécanismes moteurs, déterminés si l’action est réflexe, choisis si l’action est volontaire. Tout doit donc se passer comme si une mémoire indépendante ramassait des images le long du temps au fur et à mesure qu’elles se produisent, et comme si notre corps, avec ce qui l’envi­ronne, n’était jamais qu’une certaine d’entre ces images, la dernière, celle que nous obtenons à tout moment en pratiquant une coupe instantanée dans le devenir en général. Dans cette coupe, notre corps occupe le centre. Les choses qui l’environnent agissent sur lui et il réagit sur elles. Ses réactions sont plus ou moins complexes, plus ou moins variées, selon le nombre et la nature des appareils que l’expérience a montés à l’intérieur de sa substance. C’est donc sous forme de dispositifs moteurs, et de dispositifs moteurs seulement, qu’il peut