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LE DIAPASON


M. le ministre d’État, inquiet sur l’avenir de plus en plus alarmant de l’exécution musicale dans les théâtres lyriques, étonné du peu de durée de la carrière des chanteurs, et persuadé avec raison que l’élévation progressive du diapason est une cause de ruine pour les plus belles voix, vient de nommer une commission pour examiner avec soin cette question, déterminer l’étendue du mal et en découvrir le remède.

En attendant que cette réunion d’hommes spéciaux, compositeurs, physiciens et savants amateurs de musique, reprenne ses travaux suspendus pendant le mois qui s’achève, nous allons tâcher de jeter quelque jour sur l’ensemble des faits, et, sans rien préjuger du parti que prendra la commission, lui soumettre d’avance nos observations et nos idées.

LE DIAPASON A-T-IL RÉELLEMENT MONTÉ[1], ET DANS QUELLES PROPORTIONS DEPUIS CENT ANS.

Oui, sans doute, le fait de son ascension est reconnu de tous les musiciens, de tous les chanteurs, et dans le monde musical tout entier. La progression suivie par cet exhaussement semble

  1. J’emploie ici les termes adoptés généralement de sons hauts et bas, et les verbes monter, descendre, qui n’ont point de sens réel, et qu’un usage absurde a pu seul introduire dans la langue musicale pour distinguer les sons à vibrations rapides des sons à vibrations lentes.