Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/300

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diapason des églises monte, et plus, si c’est l’orgue qui donne le ton aux chantres et s’il ne transpose pas, le système entier du plain-chant est altéré, plus aussi l’économie vocale des hymnes sacrées se trouve dérangée. Les orgues devraient ou transposer, quand elles accompagnent le plain-chant, si elles sont au diapason moderne, ou être fixées au ton des plus anciennes ; seulement elles devraient l’être dans des rapports avec le ton moderne qui n’empêcheraient point de leur adjoindre, en transposant, les instruments d’orchestre. Ainsi, fussent-elles d’un ton et demi au-dessous du diapason d’aujourd’hui, les instruments d’orchestre pourraient néanmoins s’accorder parfaitement avec les orgues, en jouant, par exemple, en fa quand les orgues joueraient en la bémol.

Malheureusement quelques facteurs prennent le pire de tous les moyens termes ; ils construisent des orgues d’un quart de ton au-dessous du diapason des théâtres. J’en ai fait il y a quelques années la cruelle expérience dans l’église de Saint-Eustache, où, pour l’exécution d’un Te Deum, il fut impossible, malgré l’allongement de tous les tubes sonores de l’orchestre, de mettre la masse instrumentale d’accord avec le nouvel orgue, achevé depuis trois ans à peine.

FAUT-IL BAISSER LE DIAPASON ?

Il ne pourrait, je crois, résulter de cet abaissement qu’un bien pour l’art musical, pour l’art du chant surtout ; mais il me semble impraticable si l’on veut étendre la réforme sur la France entière. Un abus produit par une longue succession d’années ne se détruit pas en quelques jours ; les musiciens, chanteurs et autres, les plus intéressés à l’introduction d’un diapason moins haut seraient peut-être même les premiers à s’y opposer ; cela dérangerait leurs habitudes ; et Dieu sait s’il est en France quelque chose de plus irrésistible que des habitudes. En supposant même qu’une volonté toute-puissante