Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/301

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intervînt pour faire adopter la réforme, il en coûterait des sommes énormes pour la réaliser. Il faudrait, sans compter les orgues, acheter de nouveaux instruments à vent pour tous les théâtres et pour les musiques militaires, et interdire absolument l’emploi des anciens. Et si, la réforme une fois opérée, le reste du monde ne suivait pas notre exemple, la France resterait isolée avec son diapason bas et sans relations musicales possibles avec les autres peuples.

IL FAUT DONC SEULEMENT FIXER LE DIAPASON ACTUEL ?

C’est, je pense, le parti le plus sage, et les moyens d’y parvenir, nous les possédons. Grâce à l’ingénieux instrument dont l’acoustique a été dotée il y a peu d’années, et qu’on nomme sirène, on peut compter avec une précision mathématique le nombre de vibrations qu’exécute par seconde un corps sonore.

En adoptant le la de l’Opéra de Paris comme le son type, comme l’étalon sonore officiel, ce la étant de 898 vibrations par seconde, je suppose, on n’aura qu’à placer dans le foyer de tous les orchestres de concert et de théâtre un tuyau d’orgue donnant exactement le son désigné. Ce tuyau sera seul consulté pour le la, et l’orchestre ne s’accordera plus, selon l’usage, sur le hautbois où sur la flûte, qui peuvent aisément, soit l’un en pinçant son anche avec les lèvres, soit l’autre en tournant son embouchure en dehors, faire monter le son.

Les instruments à vent devront en conséquence être parfaitement d’accord avec le tuyau d’orgue. Ils resteront en outre, dans l’intervalle des représentations et des concerts, enfermés dans le foyer où se trouve ce tuyau, lequel foyer sera, comme une serre, constamment maintenu à la température moyenne d’une salle de spectacle remplie par le public. Grâce à cette précaution, les instruments à vent n’arriveront point