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CONCERTS DE RICHARD WAGNER
LA MUSIQUE DE L’AVENIR


Après des peines excessives, des dépenses énormes, des répétitions nombreuses, mais fort insuffisantes encore, Richard Wagner est parvenu à faire entendre au Théâtre-Italien quelques-unes de ses compositions. Les fragments empruntés à des ouvrages dramatiques perdent plus ou moins à être ainsi exécutés hors du cadre qui leur fut destiné ; les ouvertures et introductions instrumentales y gagnent au contraire, parce qu’elles sont rendues avec plus de pompe et d’éclat qu’elles ne le seraient par un orchestre d’opéra ordinaire, bien moins nombreux et moins avantageusement disposé qu’un orchestre de concert.

Le résultat de l’expérience tentée sur le public parisien par le compositeur allemand était facile à prévoir. Un certain nombre d’auditeurs sans préventions ni préjugés a bien vite reconnu les puissantes qualités de l’artiste et les fâcheuses tendances de son système ; un plus grand nombre n’a rien semblé reconnaître en Wagner qu’une volonté violente, et dans sa musique qu’un bruit fastidieux et irritant. Le foyer du Théâtre-Italien était curieux à observer le soir du premier concert : c’étaient des fureurs, des cris, des discussions, qui semblaient toujours sur le point de dégénérer en voies de fait. En pareil cas, l’artiste qui a provoqué l’émotion du public voudrait la voir aller