Page:Berlioz - À travers chants, 1862.djvu/343

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nant, l’art musical n’est pas aussi abrutissant que les gens de lettres ont longtemps voulu le faire croire, et depuis un siècle il y a eu, dit-on, presque autant de musiciens spirituels que de sots lettrés.

Or donc, Gœthe était venu passer quelques semaines à Vienne. Il aimait la société de Beethoven, qui venait d’illustrer réellement sa tragédie d’Egmont. Errant un jour au Prater avec le Titan mélancolique, les passants s’inclinaient avec respect devant les deux promeneurs, et Gœthe seul répondait à leurs salutations. Impatienté à la fin d’être obligé de porter si souvent la main à son chapeau : « Que ces braves gens, dit Gœthe, sont fatigants avec leurs courbettes ! — Ne vous fâchez pas, Excellence, répliqua doucement Beethoven, c’est peut-être moi qu’ils saluent. »