Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/136

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Je pourrai alors vous parler avec plus d’assurance de l’ensemble et des détails de ces compositions essentiellement neuves et progressives.


XXIV.

À MAURICE SCHLESINGER.


Paris, 7 janvier 1838.

Mon cher Maurice,

Il me faut absolument du repos et un abri contre les albums. Voici bientôt quinze jours que je cherche inutilement trois heures pour rêver à loisir à l’ouverture de mon opéra[1] ; ne pouvoir les obtenir est un supplice dont vous n’avez pas d’idée et qui m’est absolument insupportable. Je vous préviens donc que, dussé-je vivre de pain et d’eau, jusqu’au moment où ma partition sera finie, je ne veux plus entendre parler de critique d’aucune espèce. Meyerbeer, Liszt, Chopin et Kalkbrenner n’ont pas besoin de mes éloges. Vos albums, je le sais, contiennent d’ailleurs plusieurs morceaux charmants dont vous ne parlez pas, et dont vous ne me citez pas même les auteurs. Mais je suis poussé à bout ; je veux pendant quelque temps, assez de loisir et de liberté pour finir mon ouvrage ; je veux être artiste enfin ; je redeviendrai galérien après. Jusque-là qu’on ne me parle plus de critique d’aucune espèce ; je suis obsédé, abîmé, exterminé.

  1. L’opéra de Benvenuto Cellini.