Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/137

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Gardez-vous donc de venir me relancer dans ma tanière, ce serait d’une révoltante inhumanité. Je n’ai jamais compté parmi les apologistes du suicide ; mais j’ai là une paire de pistolets chargés, et, dans l’état d’exaspération où vous pourriez me mettre, je serais capable de vous brûler la cervelle.

Votre tout dévoué ami.


XXV.

À LISZT.


Paris, le 6 août 1839.

Je voudrais bien, mon cher ami, pouvoir te dire absolument tout ce qui se passe dans notre monde musical, ou du moins tout ce que je sais, des transactions qui s’y opèrent, des marchés qu’on y fait, des souterrains, des mines qu’on y creuse, des platitudes qui s’y commettent ; mais je doute fort que mon récit eût quelques chances de t’intéresser ; il ne t’offrirait rien de nouveau ; l’étude des mœurs italiennes t’a blasé sur toutes ces gentillesses, et ce qu’on fait à Paris ressemble horriblement à ce que tu as vu pratiquer à Milan.

Tu n’aurais pas d’ailleurs le cœur d’en rire ; tu n’es pas de ces gens qui trouvent des sujets de plaisanterie dans les outrages dont la Muse que nous servons a tant à souffrir, toi qui voudrais à tout prix, au contraire, cacher les souillures de sa robe virginale et les tristes lésions de son voile divin.