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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/142

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bâtissant pas de salle pour les Italiens. La troupe chantante de notre grand Opéra va se trouver en lutte directe avec les chanteurs ultramontains ; on veut réunir les deux troupes dans la salle de la rue Le Peletier. La mêlée sera rude : Lablache contre Levasseur, Rubini contre Duprez, Tamburini contre Dérivis, la Grisi contre mademoiselle Nathan, et tous contre la grosse caisse. Nous serons là pour faire le relevé des morts et des mourants. Le directeur aura aussi l’administration du théâtre de Londres, et il fera peut-être beaucoup d’argent, et ce sera une fameuse affaire, et ça m’est égal ; je suis de la secte des indifférents.

C’est aux marchands à calculer combien la denrée musicale, exploitée de la sorte, peut leur rapporter bon an mal an. Ce sont eux qui doivent s’inquiéter de la durée de leurs instruments chantants ; quant à moi, si je n’étais pas indifférent, je dirais absolument comme toi : « J’aime mieux la musique que tout ça. »

Duponchel conservera la haute direction des costumes ; ainsi ne t’inquiète pas, l’art et les artistes seront dans de beaux draps…

…Beaucoup de gens disent que l’orchestre (de l’Opéra) se fatigue, ou se néglige, ou se dégoûte de sa tâche. L’autre jour, j’entendais des habitués se plaindre de ce que les instruments n’étaient pas d’accord ; ils prétendaient que le côté droit de la masse instrumentale tendait à s’élever sans cesse d’un quart de ton au-dessus du côté gauche ; prétention exorbitante à en croire ces messieurs. « Vous souffrez en silence, me dit l’un deux. — Moi, je n’ai pas dit que je souffrais ; d’abord parce que je n’ai rien dit du tout, et ensuite… »