Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/148

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du sabbat sur un poëme de Gœthe et je t’assure que c’est une des plus admirables compositions orchestrales et chorales qu’on puisse entendre. Schumann, le taciturne Schumann, est tout électrisé par l’Offertoire de mon Requiem ; il a ouvert la bouche, l’autre jour, au grand étonnement de ceux qui le connaissent, pour me dire, en me prenant la main : Cet offertorium surpasse tout !

Rien, en effet, n’a produit sur le public allemand une pareille impression. Les journaux de Leipzig ne cessent depuis quelques jours d’en parler et de demander une exécution du Requiem en entier ; chose impossible, puisque je pars pour Berlin et puisque les moyens d’exécution manquent ici pour les grands morceaux de la prose.

À Dresde, nous avons dit deux fois l’Offertoire et le Sanctus, une fois la Fantastique, une fois Harold, les ouvertures du Roi Lear, de Benvenuto, le Cinq Mai (qui a prodigieusement émotionné le parterre saxon), la cavatine de Benvenuto, une des nouvelles mélodies instrumentées récemment, la romance pour le violon, deux morceaux de Roméo, l’apothéose (deux fois) avec les deux orchestres et les chœurs, comme nous avons fait à l’Opéra de Paris avant mon départ. Reissiger conduisait l’orchestre inférieur.

Ici, j’ai donné, à mon concert, le Roi Lear, la Fantastique, qui les a plus étonnés que touchés, etc. ; le finale (le Sabbat) a été exécuté avec une précision et une fureur diabolique sans exemple. Puis on m’a demandé quelques morceaux pour un concert au bénéfice des pauvres et je leur ai donné de nouveau le Roi Lear, une mélodie avec orchestre, et l’éternel Offertoire. Ces trois morceaux ont décidément enlevé les Leipziquois. Oh ! si j’avais à Paris une salle et un chœur dont