Aller au contenu

Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

afin que le théâtre puisse marcher. Cependant Jullien a vendu il y a quinze jours son magasin de musique de Regent’s street près de deux cent mille francs… et je ne puis me faire payer, et les acteurs principaux, le peintre décorateur, les maîtres de chant et de ballet et de mise en scène, tout ce monde est dans le même cas que moi… Concevez-vous rien à cela ?

Cependant, il proteste que nous ne perdrons rien, et nous allons toujours, et le public ne demande qu’à venir. Mais le crédit de Jullien à Londres est perdu entièrement… Mon concert est toujours annoncé pour le 7 février. Je n’ai pas voulu ces jours-ci faire de nouvelles répétitions. Je vais les reprendre toutefois jeudi prochain. Nous avons maintenant l’espérance que le théâtre ne fermera pas, grâce à un emprunt qu’un éditeur de musique a procuré à M. Gye, le délégué de Jullien en son absence.

Si Jullien à son retour ne me paye pas, je tâcherai de m’arranger avec Lumley et de donner des concerts au théâtre de la Reine. Car il y a maintenant ici une belle place à prendre pour moi, place laissée vacante par la mort de ce pauvre Mendelssohn. Tout le monde me le répète du matin au soir, la presse et les artistes sont très bien disposés pour moi. Déjà les deux répétitions que j’ai faites d’Harold et du Carnaval romain, et de deux parties de Faust, leur ont fait ouvrir de grands yeux et d’immenses oreilles : j’ai lieu de croire que c’est ici que je dois me faire une belle position. Quant à la France, je n’y pense plus, et Dieu me préserve de céder à des tentations comme celle que vous me donniez dans votre dernière lettre, de venir donner un concert à Paris au mois d’avril.