Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/181

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moi ; je lis les journaux ; après quoi vient l’heure des théâtres et des concerts : je reste à écouter de la musique telle quelle jusqu’à onze heures et demie. Nous allons enfin trois ou quatre artistes ensemble souper dans quelque taverne et fumer jusqu’à deux heures du matin. Voilà ma vie extérieure… Tu sais, plus ou moins bien, le succès brusque et violent de mon concert de Drury-Lane. Il a déconcerté en quelques heures toutes les prévisions favorables ou hostiles et renversé l’édifice de théories que chacun s’était faites ici sur ma musique d’après les critiques tricornues du continent. Dieu merci ! la presse anglaise tout entière s’est prononcée avec une chaleur extraordinaire, et, à part Davison et Gruneisen, je ne connaissais pas un des rédacteurs.

C’est différent maintenant ; les principaux d’entre eux sont venus me voir, m’ont écrit et nous avons ensemble de fréquentes et cordiales relations. Il y avait bien longtemps que je n’avais éprouvé une satisfaction aussi vive qu’en lisant l’article de l’Atlas que j’ai envoyé à Brandus et qu’il n’a pas fait traduire. Il est de M. Holmes, l’auteur d’une Vie de Mozart extrêmement admirée ici.

M. Holmes était venu dans la persuasion qu’il allait entendre des duretés, des folies, des non-sens, etc.

Je t’assure que tu eusses été bien heureux de cette grande victoire. Il faut maintenant poursuivre l’ennemi et ne pas s’endormir à Capoue. Jullien ne m’a pas payé, tu le sais. Son théâtre est maintenant un cirque équestre. Les deux théâtres italiens se disputent à qui exécutera le mieux les chefs-d’œuvre italiens. On a joué hier soir l’Attila de Verdi au théâtre de la Reine… Après l’Attila, holà ! Les directeurs de Covent-Garden désirent monter un concert shakspearien,