Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/198

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négligence apparente. Vous savez par les journaux toutes les nouvelles musicales de Paris. Je ne vous en dirai donc rien. J’allais partir demain pour Weimar, la première représentation de Benvenuto devant avoir lieu le 16 de ce mois, jour de la fête de la grande-duchesse. Et voilà que Liszt m’écrit pour m’annoncer la maladie de deux des principaux chanteurs, le ténor (Cellini) et l’Ascanio (mezzo soprano). Cela retardera donc la chose de quinze ou vingt jours. Or, comme je dois être rendu à Londres le 1er mars, je ne ferai pas le voyage d’Allemagne très probablement.

Notre philarmonique de Paris étant à vau-l’eau, j’ai fait porter votre Ouverture (très belle) dans ma chambre de la bibliothèque du Conservatoire, où se trouve exclusivement la musique qui m’appartient ; si vous en aviez besoin, Rocquemont (qui demeure rue Saint-Marc, 27) irait la prendre avec un mot de moi et vous la ferait parvenir.

Je suis au fond assez vexé de ne pas aller entendre Benvenuto. Liszt dit que cela va à merveille ; voilà quatre mois qu’on y travaille. J’avais bien nettoyé, reficelé, restauré la partition avant de l’envoyer. Je ne l’avais pas regardée depuis treize ans ; c’est diablement vivace, je ne trouverai jamais une telle averse de jeunes idées. Quels ravages ces gens de l’Opéra m’avaient fait faire là dedans !… J’ai tout remis en ordre. Et votre nouveau quatuor, quand le grave-t-on ? quand l’entendrons-nous ? Ah ! scélérat ! si vous vous mettez à faire aussi modestement des chefs-d’œuvre !… Il était temps ; personne ne pouvait plus faire de quatuors.

P.-S. — Tout l’Opéra est en émoi à cause de mon dernier feuilleton, que Bertin a fait passer malgré la censure (par