Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/215

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Il faut que Me Celliez ait eu une grande confiance dans l’historien qu’il a consulté, pour accueillir de pareils documents en faveur de sa cause et leur donner place dans sa plaidoirie. Me croyant néanmoins à l’abri du soupçon à cet égard, en tenant compte de la profonde indifférence du public pour de telles questions, je n’eusse point réclamé contre l’imputation de ce méfait musical.

Mais j’apprends que les journaux de musique du Bas-Rhin y ajoutent foi (il faut avoir bien envie de me croire coupable !) et me maltraitent avec une violence qui les honore. L’un d’eux m’appelle brigand tout simplement. Or voici la vérité.

Les coupures, les suppressions, les mutilations dont s’est plaint à si juste titre M. Tyczkiewickz furent faites dans la partition de Weber à une époque où je n’étais même pas en France ; je ne les connus que longtemps après, par une représentation du chef-d’œuvre ainsi lacéré, et ma surprise alors égala au moins celle que j’éprouve aujourd’hui de me les voir attribuer.

Une seule fois, plus tard, lors de la mise en scène du nouveau ballet, le Freischütz, qui devait lui servir de lever de rideau, paraissant trop long encore, je fus invité à me rendre à l’Opéra. Il s’agissait de raccourcir mes récitatifs. En présence des ravages déjà faits dans la partition de Weber, la prétention de conserver intacts mes récitatifs eût paru ridicule, pour ne rien dire de plus. Je laissai donc faire en disant que je serais honteux d’être mieux traité que le maître. Mais c’était déjà un point résolu ; on m’avait appelé seulement pour indiquer les soudures à faire entre les divers tronçons du dialogue, procédé de pure politesse,