Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/236

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seulement, et que l’auditoire entend en réalité, mais un peu affaiblies par la toile qui sert ainsi de sourdine. J’ai été rappelé quatre fois après cet ouvrage, que j’écrivis, il y a vingt-deux ans, en vagabondant dans les bois en Italie, et que je ne ferai sans doute jamais exécuter ici que par fragments. Il y a là un chœur d’Ombres qui m’a fait frissonner, je vous l’avoue, tant c’est étrangement terrible dans son lent et solennel crescendo. En voici les paroles :

Froid de la mort, froid de la tombe,

Bruit éternel des pas du temps,
Noir chaos où l’espoir succombe,
Quand donc finirez-vous ? Vivants !

Toujours, toujours la mort vorace
Fait de vous un nouveau festin,
Sans que sur la terre on se lasse

De donner pâture à sa faim.

Pour l’Enfance du Christ, l’effet a été le même qu’ici, où il faut avouer que le public a été réellement très aimable. On a pleuré à mouiller des mouchoirs. Je regrette bien de ne pouvoir pas vous faire connaître cela ; mais, dès que la partition aura paru, je vous l’enverrai. Le fils de Guiraud m’a été bien utile pour les deux dernières exécutions. Il a accompagné les chœurs aux répétitions, il a dû même les diriger pendant le finale de la première partie, où les choristes sont placés de manière à ne pas voir le chef d’orchestre. C’est un charmant garçon qui deviendra un homme.

Faites sur lui des compliments à son père en lui transmettant mes plus cordiales amitiés. Je serre la main à Prévost en lui souhaitant du courage pour le rude labeur qu’il accomplit.