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Page:Berlioz - Correspondance inédite, 1879, 2e éd. Bernard.djvu/246

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Je commence à me remettre des fatigues terribles des concerts de l’Exposition.

Je reçois de temps en temps des lettres de l’extérieur qui me donnent des recrudescences momentanées d’ardeur musicale. Il m’en est arrivé une de Bruxelles il y a quinze jours, sur Faust, qui dépasse tout ce qu’on m’a jamais écrit en ce genre, même les lettres du baron de D*** sur Roméo et Juliette. Quant aux Parisiens, c’est toujours la même chose inerte et glacée en général ; le petit public de la salle Herz est si peu puissant, que son influence est presque nulle. Le prince Napoléon me fait un très gracieux accueil ; il s’étonne de la mesquine position que j’occupe à Paris, et ne parvient pas à m’en faire changer. L’empereur est inaccessible et exècre la musique comme dix Turcs…

Merci de vos bonnes intentions et de celles de Lecourt pour mon fils ; je n’entre pas dans votre manière de voir au sujet de la marine marchande ; tant mieux si je me trompe. Mais il n’y a point de carrière assurée pour Louis dans ce moment en quittant la marine de l’État, et je suis dans la plus complète impossibilité de lui venir en aide. C’est l’opinion de ma sœur et de mon oncle qu’il devrait rester où il est ; il va les mécontenter tous, surtout mon oncle, qu’il a tant d’intérêt à ménager. Je ne sais plus que dire ; il m’a fait écrire à l’empereur pour qu’il l’aide à arriver à un grade qu’il ambitionne ; j’ai mis sans succès en mouvement l’amiral Cécile et tous mes amis des Débats.

Maintenant je ne puis plus rien ; Louis s’est posé l’arbitre de sa destinée en n’agissant qu’à son gré. Il faut me taire